n’oublie pas

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N’oublie pas

Rappel d’une vie décente (en enfer si tu n’y prends garde) !

Première mémoire

Tu te retrouves seul sur un quai de gare.

Des hommes en armes et en cris de pouvoir

Te forcent dans un convoi.

Personne ne t’aide, nul ne te voit.

Tu l’ignores mais tu pars pour ta mort.

Deuxième mémoire

Un jour, ils t’obligent de courir

Et parce que tu tombes, sans te le dire,

Ils te gazent et puis brûlent ton corps.

Troisième mémoire

Ils te raflent à coup de battes

Et, alors que tes membres se débattent,

Ils te pendent, fiers sous leur masque,

Cachés par leur étole qui casque

Leur confrérie de lâches sans remords.

Première réminiscence

Tu as voulu résister,

Tu combats pour refuser :

Ils te trainent dans un trou,

Te brouillent le sexe, te brulent partout,

Menacent tes proches, volent ta maison

Et ta vie finit en funèbre oraison.

Deuxième réminiscence

Ils te demandent de brûler tes livres

Et tes quelques pensées libres

Et tu t’exécutes car tu t’es toujours tu

Et enfin, tu deviens une crapule pur jus,

Tu as mangé toute ton ignorance

Pour suivre, stupide, leur malfaisance.

Troisième réminiscence

Tu as monté les miséreux contre les miséreux,

Invoquant qu’ils volent et menacent, dangereux,

Prétendant de mauvaises peaux 

Ou une pureté qui fait défaut ;

Produisant aveuglément ou bêtise

Afin de maintenir l’exploitation et l’emprise.

Premier souvenir

Ils te donnent un couteau pour tuer,

Et de peur de refuser, tu t’exécutes.

Ils te donnent une matraque

Pour violer, battre et mener la traque,

Aveugler et faire saigner : et tu obéis

Car sous le groupe tu rampes soumis.

Deuxième souvenir

Tu as tellement haï

Que tes voisins tu trahis !

Tu finis par jouir du mal que tu propages

Et des massacres qui t’enragent.

Pour accepter tes actes d’horreur,

Tu te drogues à des mots de menteur.

Troisième souvenir

Tu applaudis à la haine et à la guerre

Et tu laisses les tiens partir en enfer.

Puis tu portes le corps de ton enfant

Encore tiède, inerte par la mort et le sang :

Rien n’apaise ou n’aide à supporter la perte,

Pas même la médaille qu’ils t’ont offerte !

Première trace

Privé de nourriture, ta peau pend à tes os.

Sans force, ton corps pourrit sur une photo

Que des inconnus captent en buvant un café,

Insouciants à des kilomètres prélassés.

Tes yeux s’exorbitent de ton crâne sans visage

Pétri dans le désespoir qui te vide de ton âge,

Ou dans la mort qui fige tes membres décatis,

Cadavre parmi le charnier de ta famille.

Dernière trace

Tu as étalé ton nom et ta vie à satiété

Qu’ils te connaissent sous toutes tes vérités.

Tu en as oublié de tes jours d’antan

Mais ils possèdent de tes données autant

Que tu te retrouves seul et pauvre d’agir

Quand ils te mènent pantin à t’asservir.

Cumul de siècles, de génie, d’humaines traces

Et pourtant la sauvagerie encore nous efface.

Lettre en douce

Je me souviens des musiques qui donnent à croire

À la tendresse, au rire et à l’espoir.

J’ai reconnu le regard de parents d’ailleurs

Exprimant pour leurs enfants la joie ou la peur.

J’ai vu les richesses et les conforts

Que nous prenons à des gens en causant du tort

Je ne baisse ou détourne les yeux

Pour pleurer à la misère de malheureux.